Alain Astié « Face à la hausse drastique des prix de l’énergie, les collectivités disposent de quelques leviers d’action »

La hausse des prix de l’énergie de près de 50 % a des répercussions importantes sur les finances des collectivités territoriales. Le Président du Syndicat d’Energie du Tarn, Alain Astié dresse un état des lieux et esquisse quelques solutions concrètes à mettre en œuvre pour optimiser la facture énergétique des collectivités.

Comment expliquer la hausse des prix de l’énergie qui frappe les collectivités, les entreprises et les particuliers ?

La fin d’année 2021 a en effet été marquée par une hausse spectaculaire du prix des énergies. Cela s’explique notamment par la relance économique après les confinements successifs.

La demande en énergie a été forte et soudaine. Elle a généré une importante tension sur les marchés qui a elle-même entraînée une hausse continue des tarifs, jusqu’à atteindre des montants encore inimaginables quelques mois auparavant.

En un an, le prix d’un Mégawatheure d’électricité sur le marché de gros a été multiplié par huit passant de 51,5 à 407,5€/MWh. Pour le gaz, la tendance est la même, en témoigne un cours augmentant de 16,2 à 138,2€/MWh au cours de l’année. Bien qu’un retour à des valeurs plus raisonnables soit espéré dans les mois à venir, les cours restent actuellement très élevés.

Il faut aussi considérer le marché de gros de l’électricité et du gaz qui est un marché très volatil, sur lequel s’exercent actuellement de fortes tensions.

L’énergie s’échange sur un marché européen sur lequel les fournisseurs achètent des volumes correspondant aux besoins de leurs clients à des producteurs. Le cours est donc largement influencé par un rapport entre l’offre et la demande. Comme le marché du pétrole le marché du gaz subit lui aussi des fluctuations liées au contexte géopolitique mondiale.

Des mesures ont été prises à l’échelle nationale pour contenir la hausse des prix. Lesquelles ?

Oui, l’Etat a récemment pris des mesures afin de limiter l’impact de cette conjoncture sur la facture énergétique des français. En augmentant notamment le plafond de l’ARENH de 20 TWh et en réduisant la CSPE (Contribution aux Services Publics de l’Électricité) à 1€ (contre 22,50€/MWh) pour 2022.

Est-ce suffisant ?

Je crains que non. Ces décisions ne suffiront pas à compenser une augmentation d’une telle ampleur. C’est la raison pour laquelle, nous passons par la mutualisation de l’achat et nous proposons aux collectivités d’adopter plusieurs stratégies palliatives complémentaires.

Que recommandez-vous aux collectivités ?

Nous conseillons à nos adhérents de miser sur plusieurs aspects et nous leur proposons des services en ce sens : l’achat groupé, l’optimisation tarifaire, la sobriété énergétique et la veille technologique.

Notre syndicat peut endosser plusieurs missions grâce au groupement d’achat d’énergies. Ces pistes sont de véritables leviers économiques qui permettent de tempérer l’impact financier de la hausse des prix sur le budget des collectivités.

Pour la stratégie d’achat, la mise en commun des besoins des collectivités permet la mise en place de stratégie qu’un acheteur isolé ne pourrait pas mettre en œuvre. La consultation pour la fourniture d’énergies sur la période 2022-2024 a été passée dans un contexte particulièrement défavorable, il a donc été décidé de procéder à de l’achat fragmenté pour les années de livraison 2023 et 2024. Cela veut dire que pour la couverture de cette période, nous allons acheter de l’énergie à des prix et moments différents en fonction des opportunités de marché.

Nous pourrons avoir recours a plusieurs achats au cours d’une même année civile. Ce procédé permet de limiter l’impact du caractère volatil du cours des énergies observé ces derniers mois, puisque les prix unitaires annuels seront basés sur une moyenne qui découlera des prises de position.

Et en ce qui concerne la maîtrise de l’énergie ?

Le SDET a mis à disposition des membres du groupement d’achat, un logiciel, développé par une Start Up française, de suivi des consommations énergétiques (Deepki MET). Nos équipes utilisent ce logiciel pour accompagner les communes du Tarn dans la réduction de leur facture énergétique. Il s’agit de diminuer les consommations énergétiques par l’accompagnement à la réalisation de travaux et d’optimiser les contrats de fourniture. A l’avenir cet outil permettra de renseigner la plateforme OPERAT et de justifier de l’atteinte des objectifs du décret tertiaire.

Avez-vous des exemples concrets à nous donner d’une optimisation de la consommation énergétique grâce à Deepki ?  

Oui, je pense à une station d’épuration qui a joué sur l’optimisation tarifaire et qui a bénéficié d’un gain annuel de 20K€.  

Certaines activités sont éligibles au remboursement de la CSPE (assainissement/eau potable). Le gain annuel peut aller jusqu’à 100 k € pour un service eau/assainissement.

Nos services ont aussi identifié par exemple une dérive de consommation d’une piscine intercommunale. Cette détection a permis à la collectivité d’économiser jusqu’à 1500€/mois.

Enfin, il y a des actions d’accompagnement à mettre en place pour la rénovation des bâtiments publics au travers des programmes ACTEE (Diagnostic, rénovation, financement).

Tout savoir sur le Syndicat d’Energie du Tarn

Le Syndicat Départemental d’Energies du Tarn (SDET) est un EPCI regroupant l’ensemble des communes du département du Tarn. Propriétaire du réseau public de distribution d’électricité de moyenne et de basse tension, le SDET délègue à un gestionnaire de réseaux la distribution d’électricité aux abonnés, mais exerce tout de même une mission de contrôle continu de son concessionnaire. Le SDET est coordonnateur d’un groupement d’achat depuis 2016.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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