Murat-sur-Vèbre : la télémédecine en pratique

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Depuis le 18 juin 2021, la commune de Murat-sur-Vèbre (850 habitants) a équipé la pharmacie de la commune d’une cabine de télémédecine. Rencontre avec Monsieur le Maire, Daniel Vidal qui revient sur l’installation de ce dispositif qui offre une solution temporaire contre la pénurie de médecins dans sa commune.

En juin dernier, votre commune a installé une cabine de télémédecine, accessible depuis la pharmacie. Pourquoi ce choix ?

Comme beaucoup d’autres communes rurales, Murat-sur-Vèbre fait face au problème de la désertification médicale. Dès les années 2000, nous avons eu du mal à recruter un médecin. La municipalité avait aménagé un cabinet médical et dentaire au sein duquel plusieurs médecins se sont succédés. Mais fin 2018, la médecin qui était restée plusieurs années à nos côtés a quitté ses fonctions pour prendre sa retraite. Nos recherches pour la remplacer sont restées longtemps sans succès mais nous devrions bientôt accueillir un nouveau médecin sur le territoire.

C’est à ce moment-là que j’ai été sensibilisé à l’innovation de la télémédecine, grâce à des échanges avec l’AMF et avec d’autres élus de communes de montagne et du Centre-Est qui avaient franchi le pas.  

Je me suis intéressé à cette solution et au printemps dernier, j’en ai discuté avec le pharmacien de la commune qui avait été démarché par la start-up française Tessan qui commerciale les cabines de télémédecine – Nous n’aurions jamais installé la cabine dans un lieu public, pour nous c’était inconcevable qu’un agent communal puisse accompagner le patient dans l’utilisation de la machine et puisse avoir accès au dossier médical – Nous avons donc rapidement monté un dossier en lien avec la communauté de communes et le Sous-préfet de Castres qui a immédiatement adhéré au projet et nous a accompagné sur le montage du dossier.

Expliquez-nous comment fonctionne cette cabine de téléconsultation.

C’est très simple. Le patient se rend dans la pharmacie, muni de sa carte vitale, de sa carte de mutuelle. Il saisit en ligne des informations classiques (nom, adresse, etc.), il est ensuite connecté en téléconsultation à un médecin généraliste ou un spécialiste. La cabine est équipée de 7 dispositifs médicaux connectés ce qui permet au médecin de réaliser à distance près de 90 % des actes d’une consultation classique. Une fois la consultation terminée, le patient peut recevoir l’ordonnance sur son adresse email ou l’envoyer directement au pharmacien qui délivre le traitement.

La plateforme met en relation 8 médecins généralistes et une trentaine de spécialistes (pédiatres, dermatologues, gastro-entérologues, ORL, homéopathes, etc.) La prise de rendez-vous est nécessaire pour bénéficier d’une consultation avec un spécialiste.

Si le patient nécessite un accompagnement spécifique, pour manipuler la cabine le pharmacien est sur place pour l’aider. Mais de manière générale et à notre grande satisfaction, les patients sont très à l’aise, même les personnes les plus âgées. C’est assez intuitif.

Quel a été le coût d’un tel projet ?

Nous avons investi 40 000 euros. L’Etat nous a aidé à hauteur de 50 % et nous sommes toujours dans l’attente de l’aide financière du département.

Le contrat avec notre prestataire Tessan court sur 5 ans et couvre les frais de fonctionnement et de maintenance de la machine pendant cette durée.

 Où en êtes-vous dans votre recherche d’un médecin ?

Je le précise, la cabine de téléconsultation n’a pas vocation à remplacer un vrai cabinet médical. L’idée est plutôt d’offrir une solution complémentaire qui peut désengorger le cabinet médical et prendre le relais pour des consultations non urgentes, comme des renouvellements d’ordonnance. Un médecin est attendu à Lacaune prochainement.

Nous avons aussi d’autres projets. Nous avons formulé la demande de pouvoir conventionner la cabine de télémédecine avec des établissements cliniques du département.

Par ailleurs, début décembre, nous devrions recevoir des tablettes médicales connectées destinées aux infirmières libérales qui sillonnent notre commune.

 Le principe est de faire de la téléconsultation à domicile. Au lieu de se rendre chez le pharmacien, le patient pourra être mis en relation « en visio » avec un médecin depuis son domicile. L’infirmière munie de tablette connectée, l’assistera dans ses démarches.

Quel bilan dressez-vous ?

C’est encore un peu tôt pour dresser un bilan complet. Après tout, nous ne l’avons installé que depuis la mi-juin, mais je constate que cela fonctionne très bien et que nous sommes en train d’inspirer d’autres communes qui se mettent à utiliser cette technologie.

A Murat-sur-Vèbre, lafréquentation est d’environ 2 à 3 téléconsultations par jour. La communauté de communes va déployer un dispositif similaire dans la commune de Viane, au sein de la maison de santé. C’est une infirmière libérale qui se chargera d’accompagner les patients.

Quelles solutions faut-il mettre en œuvre pour résorber les déserts médicaux et permettre à tous l’accès aux soins ?

Je pense qu’il serait opportun de réfléchir à système similaire à celui des pharmaciens. La liberté d’installation devrait être plus contrainte pour permettre un meilleur maillage territorial.

S’il n’y a pas un minimum de contrainte ou de contrepartie, de moins en moins de médecins voudront s’installer en zone rurale. Mais ce problème n’est pas spécifique au corps médical. Je crois que nous sommes face à un problème sociétal plus large. Aujourd’hui, rares sont ceux prêts à accepter les contraintes d’une vie professionnelle où la notion de disponibilité prime.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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