Je vous ai indiqué à plusieurs reprises être convaincu de la volonté du gouvernement de reporter les élections départementales et régionales au minimum à l’automne et si possible après l’élection présidentielle.
La fixation des dates au 13 et 20 juin par décret m’est apparue de bien faible portée par rapport au texte lui-même incluant report du mois de mars au mois de juin. Le fait que le gouvernement et la majorité aient voulu que le mandat donné au conseil scientifique porte non pas sur les conditions de tenue de l’élection mais sur l’opportunité ou non qu’elles aient lieu au mois de juin, avec une clause de revoyure au 1er avril, ne laissait guère de doute sur l’objectif à atteindre.
A l’heure de boucler la présente newsletter, je n’ai toujours pas le texte du rapport de la commission dite scientifique devant être déposé avant le 1er avril, mais nous savons déjà que le Premier ministre a prévu de réunir les groupes politiques début avril afin de les interroger sur l’opportunité d’un report. Observons que les Pays Bas viennent de tenir sans problème leurs élections législatives et les deux grands Länder voisins de notre pays la Rhenanie Palatinat et le Bade Wurtenberg leurs élections régionales.
Toutes les solutions sont maintenant perdantes. Un nouveau report viendra alimenter ce que j’appelle la « fatigue démocratique ». Exprimé autrement, la pandémie électorale ou politique va devenir aussi grave que la pandémie au sens médical !
Les trois élections tenues durant ce quinquennat à savoir les législatives, les européennes et les municipales ont toutes connu des taux de participation inférieurs à 50%. Nous allons tout droit vers une abstention record pour les élections départementales et régionales et le taux de participation finit par devenir un enjeu démocratique plus important que le choix des élus.
Je n’étais déjà pas favorable au report des élections en mars et le suis encore moins à l’heure actuelle.
Entre le fait que la pandémie va probablement se poursuivre et les grandes vacances, il est douteux que les campagnes départementales et régionales soient la priorité de nos concitoyens. Nous allons vers une reconduction pure et simple des sortants, France entière.
Je ne crois toujours pas possible que ces élections puissent être reportées après l’élection présidentielle. Un prolongement de mandat de 18 mois me parait inconstitutionnel.
A supposer que le report soit limité à septembre, plus probablement octobre, la séparation que nous avions souhaité entre les comptes de campagne des régionales et ceux de l’élection présidentielle au 1er juillet ne sera plus possible.
Finalement, l’hypothèse la plus acceptable, après le maintien, et que je suggèrerai à mes collègues du groupe centriste de soutenir lors des discussions à venir, serait de lier le report des élections départementales et régionales à l’automne à une expérimentation à leur occasion permettant par exemple d’ouvrir le vote par correspondance.
Toute expérimentation d’une modalité complémentaire de vote par rapport au déplacement traditionnel dans les bureaux de vote me semble totalement exclue pour l’élection présidentielle. Elle est plus que jamais la clé de voute de notre système. L’idée serait de tester avant pour être certain qu’en toutes circonstances, notamment de pandémie, la présidentielle puisse se dérouler à bonne date.