Salies, la commune aux 1000 idées écologiques

Il y a quelques mois, la commune de Salies a accueilli un âne et une ânesse au sein de son village, pour l’entretien de terrains municipaux ainsi que quatre ruches. Ces deux derniers projets s’ajoutent au bilan vert d’un village qui a déjà mis en place un composteur pour les déchets de la cantine, des jachères fleuries pour nourrir les abeilles et qui est sur la voie de l’autonomie énergétique. Comment cette commune labellisée « Territoire engagé pour la nature » et signataire de la Convention européenne des maires pour le climat s’engage concrètement dans la transition écologique ? Rencontre inspirante avec Jean-François Rochedreux, maire de Salies, résolument engagé pour la préservation de l’environnement.


Au mois d’octobre vous avez lancé le projet d’éco-pâturage au sein de la commune de Salies, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste-t-il ?

C’est un projet global : écologique, social et économique. L’idée est simple, nous avons remplacé les engins mécaniques par un âne et une ânesse pour l’entretien de plusieurs bassins de rétention de la commune ; cela représente une surface d’environ 6 000 mètres carrés.

Il y a plusieurs objectifs : d’abord, diminuer notre impact sur l’environnement en supprimant l’utilisation d’engins à moteur. Sans entretien mécanique, les bassins de rétention vont devenir des lieux de biodiversité pour la faune et la flore. Ils nous rendent le service d’entretenir nos bassins de rétention sans pollution en échange nous leurs fournissons le gîte et le couvert ! C’est une façon de repenser notre relation avec la nature en permettant l’échange de service.

Mais les bénéfices de ce projet sont bien plus larges. Nous offrons aussi l’opportunité aux habitants et notamment aux enfants de se reconnecter à la nature par les relations avec des animaux, et surtout nous recréons du lien social.

Vous dîtes que ce projet a un intérêt d’un point de vue économique et a permis de recréer du lien social, en quel sens ?

D’abord, nous avons signé une convention avec l’association Marianne Solidarité située à Puylaurens. C’est grâce à leurs compétences que nous avons installé les animaux et ils leur prodiguent les soins nécessaires.  Ce projet a permis à l’association de financer des emplois de réinsertion.

Hormis cet aspect, la présence des animaux a indéniablement permis d’instaurer de nouvelles interactions sociales au sein du village. Nos bassins de rétention, autrefois complètement délaissés sont devenus de vrais lieux de rencontres. La proximité avec l’école et les enfants est aussi un réel atout ! Les enfants vont les voir, les nourrissent, s’en occupent. Nos deux ânes sont rapidement devenus les mascottes du village ! Ce sont des petits moments de bonheur simple, avec le sentiment de participer à notre petite échelle à la transformation positive de la société.

Ce projet est fortement marqué par l’envie de diminuer l’empreinte environnementale, est-ce un socle de valeur important pour votre municipalité ?

Absolument. Mon équipe et moi-même sommes animés d’une forte volonté de prendre notre part dans la transition écologique. C’est très important pour nous.

A notre échelle, nous essayons de nous poser la question suivante : Comment appliquer à Salies, la transition écologique ? Nous essayons donc d’adopter une approche globale qui infuse notre politique générale. Notre priorité est de diminuer nos impacts sur l’environnement par tous les moyens et nous sommes reconnus comme tel, pour ces engagements.

Jean-François Rochedreux, Maire de Salies

La commune a été labellisée en 2019 « Territoire engagé pour la nature » par l’agence régionale de la biodiversité Occitanie. A ce titre, nous nous sommes engagés jusqu’en 2021, sur trois actions de protection : la mise en place de l’éco-pâturage, l’installation de quatre ruches communales dont le miel est vendu au profit du centre de loisirs, et la végétalisation de la place principale de la communale qui fait actuellement l’objet d’une concertation avec les riverains.

La commune de salies a aussi signé la convention européenne des maires pour le climat. Visiblement, Salies serait la plus petite commune à avoir la convention approuvée ! Les villes signataires s’engagent à soutenir la mise en œuvre de l’objectif européen de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et à adopter une approche commune pour lutter contre le changement climatique.

Nous souhaitons montrer que même dans une petite commune, il est tout à fait possible de poser des actions concrètes et nous en sommes fiers. Si nos actions rayonnent et inspirent jusqu’à l’agglomération ou dans le département, tant mieux !

Portez-vous d’autres projets au sein de la commune ?

Absolument. Nous réfléchissons depuis 3 ans à l’autonomie énergétique pour Salies.  Nous espérons qu’en 2021, nous pourrons installer des panneaux photovoltaïques.

Mais outre les projets déjà cités, nous avons aussi installé des composteurs pour les déchets de cantine ou des jachères fleuries qui servent de réservoir de biodiversité pour les abeilles de nos ruches. 

Comment trouvez-vous toutes ces idées ?

Nous faisons énormément de veille sur internet, pour nous tenir informés des initiatives déployées par d’autres communes, même à l’échelle européenne. On regarde ce que font nos voisins.

J’axe surtout notre veille sur les initiatives labellisées. Miser sur des projets labellisés permet de renforcer l’acceptabilité du projet auprès des habitants, de leur montrer aux habitants que ces idées sont reconnues et valorisées par des instances, que ce ne sont pas des idées saugrenues d’un maire « hurluberlu ».

Je trouve que c’est aussi très utile de participer à des réunions, parfois à l’échelle de la région, pour bénéficier de retours d’expériences d’autres communes.

Vous parliez de l’enjeu de l’acceptabilité par les habitants, rencontrez-vous des difficultés dans la mise en œuvre de tous ces projets orientés vers la transition écologique ?

En ce qui concerne l’éco-pâturage, nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières mais avec du recul, je dirais qu’il est important de pouvoir se reposer sur une structure professionnelle comme Marianne Solidarité.

Il faut également rester vigilant pour donner un maximum d’information notamment aux habitants qui sont inquiets sur les nuisances supposées que pourrait apporter la présence d’animaux proche des habitations.

Pour l’installation des ruches municipales, il nous a fallu déployer plus d’efforts de pédagogie, de communication pour expliquer et convertir les plus réfractaires.  C’est fondamental. On avait un peu négligé cet aspect au début, mais l’expérience nous a montré qu’il était crucial d’associer ou de faire participer les habitants.

Le choix de l’emplacement des ruches s’est donc fait autour d’un dialogue au sein de la commune. Nous avons organisé une conférence sur les abeilles qui a permis de tisser un dialogue et le climat s’est apaisé.

En résumé la clé c’est de bien communiquer ?

Oui ! L’école est aussi un vecteur formidable. C’est très important de se reposer sur le milieu scolaire pour faire de la pédagogie.

Nous associons au maximum les enfants. Ils ont par exemple réalisé les panneaux d’information installés aux abords des bassins de rétention pour expliquer le phénomène d’éco-pâturage. Lors de l’inauguration des ruches et de l’éco-pâturage en octobre, ils ont préparé un spectacle sur le thème de la biodiversité. Cela créé une belle dynamique qui permet de sensibiliser également les parents et familles des enfants. Les enseignants de l’école sont aussi moteurs et je les en remercie.

On prépare aussi la prochaine génération à inventer la société de demain…

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