Le Sénat a adopté un projet de loi permettant la restitution d’objets du patrimoine Africain. Tour d’horizon sur ce texte au croisement de l’art de la diplomatie et de l’histoire.
Genèse du projet de loi
De plus en plus de pays demandent la restitution de leurs biens culturels. En particulier ceux qui sont conservés dans les collections publiques des musées.
Le Président de la République a confié en mars 2018 une mission sur le sujet à deux universitaires, ayant abouti à un rapport intitulé « Restituer le Patrimoine africain : vers une nouvelle éthique relationnelle ».
Suite à la remise de ce rapport, le Président de la République a annoncé, sur proposition du musée du Quai Branly–Jacques Chirac et du ministère de la culture, la restitution de vingt‑six œuvres réclamées par la République du Bénin et la restitution à la République du Sénégal du sabre d’El Hadj Omar Tall.
Ce projet de loi concrétise ces deux recommandations.
Les principes d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité des biens publics imposent qu’une loi soit passée pour permettre la restitution de ces objets.
Quelles oeuvres d’art seront restituées ?
L’article 1er prévoit de faire sortir des collections nationales vingt‑six œuvres données à l’État par le général Dodds et conservées au Musée du Quai Branly‑Jacques Chirac. Elles constituent le « Trésor de Béhanzin » et correspondent à la restitution qui a été annoncée par le Président de la République dans le communiqué de presse en date du 23 novembre 2018 à la République du Bénin.
L’article 2 prévoit de permettre la sortie des collections nationales d’un sabre, avec fourreau, attribué à El Hadj Omar Tall, donné aux collections nationales par le général Louis Archinard (1850‑1932), et son transfert de propriété à la République du Sénégal. Ce sabre fait l’objet d’une demande de restitution par la République du Sénégal transmise le 26 juillet 2019 par le Président de la République Macky Sall au Président de la République française.
Je me suis permis de vous proposer un petit sujet sur cette question dont j’ai pu mesurer à l’époque l’importance au Bénin.
En une autre qualité, j’ai signé en 2005 une convention de coopération entre la mairie d’Abomey (capitale historique de l’ancien royaume du Danhomè au Bénin) et la mairie d’Albi. Les deux villes ont noué des liens étroits qui ont donné lieu chaque année pendant près de treize ans, à des échanges entre les deux collectivités, mais aussi entre les associations locales. Les palais royaux se situent à Abomey et la mémoire de Behanzin le dernier roi reste encore vive.
Entre sérieux et amusement (c’est sérieux pour eux), j’ai été témoin d’une querelle de légitimité entre deux rois revendiqués pour savoir qui était le véritable héritier de Behanzin.
Par contre, la restitution de ces oeuvres d’art qui sont importantes pour les mémoires du Bénin ne valent pas excuses ou auto flagellation. Notre Histoire est une et je ne fais pas partie des personnes qui apprécient le renversement des statues ou des jugements de valeur sur notre histoire, plusieurs siècles après.