Communauté des élus du Tarn : La belle réussite du multiservices de la commune Les Cammazes

La création du multiservices au sein de la commune Les Cammazes est le 1er sujet de votre nouvelle série de la Communauté d’échanges des élus du Tarn. Découverte de ce projet avec Alain Mary, le maire de cette commune de 350 habitants, située aux portes de la montagne Noire.

Le multiservices « La Source » a ouvert ses portes en juin 2019, en quoi consiste ce lieu ? Quels sont les services proposés ?

La Source est un lieux chaleureux et polyvalent qui a été ouvert par la mairie. Il mêle plusieurs services : épicerie, dépôt de pain, bistrot-restauration.

Ce multiservices est placée au coeur du village et dispose d’un parking pour permettre aux visiteurs de stationner facilement.

Les activités commerciales sont au rez-de-chaussée et le couple de gérants occupe le logement de fonction prévu à cet effet à l’étage, avec leur famille.

Comment est né ce projet ?

Je portais déjà ce projet dès ma première campagne municipale. Une fois élu, j’ai voulu le lancer.

Dès 2016 – avec une conseillère municipale – nous avons installé un groupe de travail au sein duquel nous avons intégré 7 ou 8 habitants du village motivés et ayant l’envie de faire vivre au mieux notre village.

Nous avions la volonté de faire participer les habitants du village. Ils se sont appropriés l’idée et ont participé au développement du projet jusqu’au bout, y compris dans le choix des gérants.

Alain MARY

La première étape a été de contacter d’autres communes qui avaient ouvert ce genre de structures et nous sommes allés à leur rencontre, dans le département ou dans l’Aude.

Cette étape a été cruciale et nous a permis de comprendre les facteurs de réussite et d’analyser ce qui n’avait pas marché dans les autres projets.

Nous nous sommes par exemple rendus compte que la mise en gérance avec la mainmise des communes et location simple du multiservices ne fonctionnait pas bien. Il fallait, au contraire, un investissement personnel de la part des gérants, leur permettant de s’approprier le projet et de détenir le fonds de commerce.

Nous avons donc identifier plusieurs critères essentiels pour la mise en oeuvre du projet : un local pas trop grand, un logement au-dessus, une visibilité, un parking, l’engagement des gérants.

Il nous a fallu environ un an de réflexion pour dessiner les contours du projet.

Ensuite, le conseil municipal a choisi un lieu qui correspondait aux critères que nous avions définis et la commune a fait l’acquisition d’une ancienne grange. Nous avons aménagé des locaux de qualité avec un parking à l’arrière.

Comment avez-vous trouvé les actuels gérants de l’établissements ?

Nous avons publié un appel à candidatures sur le site internet : SOS campagne.

A ma grande surprise, 63 personnes ont candidaté. Nous avons bien sûr procédé à une sélection et une dizaine de dossiers ont réellement été déposés auprès de la mairie.

Finalement, 4 couples sont venus visiter notre commune et notre choix s’est porté sur un couple provenant des Alpes de Haute-Provence.

Quelle a été votre expérience de ce recrutement ?

J’ai été très surpris par le nombre de dossiers que nous avons reçus mais surtout par la qualité des profils des candidats.

Nous avons reçus des dossiers de candidature de la part de cadres supérieurs, urbains, désireux de changer de vie, leur permettant de retrouver une vie de famille paisible, à la campagne.

Déjà en 2018, on ressentait l’aspiration à une vie plus calme, à la campagne, un retour à des valeurs de proximité, de convivialité. Un phénomène qui ne cesse de s’accélérer avec la crise sanitaire et les confinements successifs.

80 % des communes de la ruralité montrent une démographie qui est en train de repartir à la hausse. Ce sont des indicateurs positifs et nous constatons cette tendance dans la commune Les Cammazes.

Nous avons la chance d’avoir une école qui apporte de la vie et attire une population jeune. Cette année, nous avons même dû refuser 3 élèves provenant d’une commune voisine qui souhaitaient intégrer notre école.

Comment s’organise la relation entre la commune et les gérants de La source ?

Ils sont propriétaires du fonds de commerce et ont réalisé un investissement personnel pour tout l’aménagement intérieur des cuisines, de l’épicerie, etc. Cela a permis à la commune de diminuer les coûts.

Nous avons contractualisé un bail pour le logement, lié à l’activité du multiservices. Autrement dit, s’ils cessent leur activité, le bail de leur logement prend également fin.

Combien de temps s’est écoulé entre le moment où vous avez eu cette idée et l’ouverture définitive du lieu ?

Il nous a fallu environ un an de réflexion pour dessiner les contours du projet et un an pour les travaux. Au total, c’est un projet qui s’est construit sur 2 ans. L’année de réflexion était indispensable pour faire les bons choix.

Qu’apporte ce multiservices à votre village ?

C’est un projet magnifique qui a dépassé nos attentes.

C’est un très beau lieu de convivialité qui retisse du lien social et favorise les rencontres entre les habitants, jeunes comme plus âgés.

Alain mary

Aujourd’hui c’est un lieu de convivialité dans lequel les gens vont boire le café le matin à 8h, les parents s’y retrouvent vers 9h après avoir déposé les enfants à l’école et cela défile toute la journée.

Bien sûr, il y a le service rendu aux habitants avec un commerce de proximité. Ils n’ont plus à aller jusqu’à Revel en voiture pour aller acheter leur baguette de pain. Même l’été, les touristes sont contents d’avoir un petit commerce dans le village.

Comment se décompose le financement de ce projet ?

La partie multiservices du lieu a coûté 215 000 euros HT. La mairie a pris 30 % à sa charge et le reste a été subventionné.

La partie logement de fonction a coûté 156 000 euros HT. La mairie a procédé à un autofinancement de 70 % et nous avons reçu 30 % de subventions.

La mairie a donc fait un emprunt sur 20 ans de 200 000 euros.

Les gérants et propriétaires du fonds de commerce ont quant à eux réalisé un investissement personnel à hauteur de 65 000 euros.

Ils paient un loyer de 380 euros pour le commerce et de 600 euros pour le logement de fonction. Ces loyers permettent à la commune de rembourser les mensualités de l’emprunt.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées  ?

Les contraintes administratives ont été nombreuses. Tous les élus connaissent le poids des normes, l’empilement des lois, des décrets qui ne nous facilitent pas la vie !

On a l’impression que l’administration n’est pas là pour nous accompagner mais pour nous contrôler !

Nous avons réalisé 3 dossiers de subvention pour obtenir des fonds de la DETR, de la région, et du fonds Leader,

Je regrette que les dossiers de subvention soient tous différents des uns des autres. Il faut compter une journée de travail par dossier!

Après ce multiservices, portez-vous d’autres projets au sein de la commune ?

Oui, nous travaillons sur la réfection de la salle des fêtes, avec 11 Présidents d’association. Nous avons aussi lancé des travaux d’embellissement et d’amélioration de la vie dans le bourg. Il y a quelques mois, nous avons aussi réalisé une zone de terrain multisport pour les enfants.

Nous avons toujours à coeur d’associer les habitants aux initiatives de la commune. Elle se dessine et se réinvente avec eux.

La Source inspire-t-elle déjà d’autres communes ?

Quelques communes viennent en effet nous voir pour s’inspirer de ce que nous avons construit. C’est toujours utile de s’inspirer et voir comment certains ont réussi et de comprendre ce qu’ils auraient pu faire autrement.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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