Coup d’accélérateur pour le Brexit après les élections législatives britanniques

 

La large victoire des conservateurs lors du renouvellement des 650 sièges de la Chambre des Communes laisse augurer une adoption prochaine de l’accord de retrait négocié avec l’Union européenne (UE) par le Parlement britannique, et la mise en œuvre du Brexit au 31 janvier 2020.

La victoire très claire de Boris Johnson dégage de nouvelles perspectives pour le Brexit

La très claire majorité obtenue par Boris Johnson et le parti conservateur lors des élections de jeudi 12 décembre lui permet de s’affranchir de toute alliance. Alors que la majorité absolue des sièges est à 326 voix, le parti conservateur en a obtenu 365, il dispose donc d’une très large avance sur ses adversaires.

Après avoir mené la campagne sur le slogan: « Get Brexit done », Boris Johnson obtient la marge de manœuvre nécessaire à mener rapidement les négociations vers la mise en œuvre la plus rapide de l’accord conclu avec l’Union européenne le 17 octobre 2019.

Boris Johnson a désormais une majorité très confortable et surtout un mandat clair pour négocier à Bruxelles – ce qui change complètement la donne et le rapport de force entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne.

Tous ses adversaires politiques régressent en termes de voix et de sièges (Labour, Lib Dem, Brexit Party et DUP), à l’exception du Scottish National Party qui va représenter dans les semaines qui viennent le seul obstacle majeur pour le Premier ministre. En effet le SNP sort renforcé de ces élections et prétend par la voix de son chef Nicola Sturgeon que le PM n’a pas mandat pour faire sortir l’Ecosse de l’UE et, en conséquence, exige un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse. Par la voix de Michael Gove, directeur de cabinet du Premier ministre, Londres a opposé, dès le 15 décembre, une fin de non-recevoir à cette revendication.

Il appartient toutefois au PM de tester cette majorité importante sans délai afin de s’assurer que la tendance de fond est celle d’un Brexit « dur » ou d’un Brexit « accommodant » ; à première vue, les « remainers » du Parti conservateur ayant été écartés ou ayant perdu l’élection lorsqu’ils se présentaient en candidat indépendant, on peut penser que l’actuelle majorité reflète maintenant parfaitement la position des membres du Parti conservateur dont la majorité est en faveur d’un Brexit clair et net.

Le Parlement se réunira le 19 décembre prochain pour écouter le discours de la Reine et l’accord de sortie sera ratifié dans la foulée, quitter à siéger entre Noël et Nouvel An.

Ces élections sont un triomphe personnel pour Boris Johnson qui voit le Parti travailliste s’effondrer, écartelé entre la tendance la plus à gauche de Corbyn et les héritiers de Tony Blair ; le Lib Dem sort du jeu faute de stratégie claire. Quant au DUP, il perd des sièges et surtout il perd sa position de faiseur de roi et de soutien du Parti conservateur. Il est sanctionné pour sa position intransigeante sur le « backstop » et sa volte-face sur le projet d’accord. Le paysage politique sort clarifié de ces élections : Boris Johnson a réussi à rassembler derrière lui ce parti, devenu partisan du Brexit sans ambiguïté. Le parti travailliste, pour sa part, a donné priorité à son programme social, l’estimant sans doute plus facile à réaliser au sein de l’UE qu’en dehors.

3. Ces résultats ont suscité des réactions au sein de l’Union européenne

Les Vingt-sept ont adopté vendredi 13 décembre des conclusions qui rappellent leurs principes clefs. Le Conseil européen a ainsi « confirmé une nouvelle fois son souhait d’établir des relations futures aussi étroites que possible avec le Royaume-Uni, conformément à la déclaration politique et dans le respect des orientations ainsi que des déclarations précédemment adoptées par le Conseil européen, notamment celles du 25 novembre 2018. Les relations futures devront reposer sur un équilibre entre droits et obligations et assurer des conditions équitables ». Il a également invité la Commission à présenter au Conseil un projet
de mandat global pour les relations futures avec le Royaume-Uni, immédiatement après le retrait de celui-ci.

Le Président Emmanuel Macron a déclaré que « Le temps de la clarté est enfin venu », il a toutefois noté que « le plus dur » est à venir, entre la mise en œuvre de l’accord de retrait du Royaume-Uni conclu le 17 octobre et la préparation de la future relation.

« Je veux dire à nos amis et alliés britanniques quelque chose de très simple : vous avez entériné le choix fait il y a trois ans, mais vous ne quittez pas l’Europe, vous restez à nos côtés et nous restons aux vôtres », a-t-il repris. Pour le président français, trois principes devront guider la future relation : « d’abord, le développement de la relation la plus proche possible en matière de commerce, mais aussi de sécurité et de défense ; garantir l’unité de l’UE et la définition de nos intérêts stratégiques, que nous définirons début février dans un mandat de négociation ». 

Ces réactions masquent une certaine inquiétude de ce que pourrait être la relation future du Royaume-Uni avec l’Union européenne. De plus, la progression des partis indépendantistes en Ecosse et en Irlande du Nord pourrait faire évoluer la situation politique de ces régions. Boris Johnson sera partagé entre la pression des électeurs britanniques favorables à un Brexit dur et la nécessité d’adoucir la séparation avec l’Union européenne pour ne pas aviver le séparatisme écossais et tenir compte de la réunification potentielle de l’Irlande.

PROCHAINES ÉTAPES : 

–       19 décembre 2019 : ouverture de la session parlementaire;
–       entre le 20 et le 23 décembre 2019 : ratification par le Parlement britannique de l’accord de sortie conclu avec l’UE ;
–       janvier : adoption de l’accord par le Parlement européen ;
–       31 janvier 2020 : date de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et début de la période de transition
–       31 décembre 2020 : fin de la période de transition

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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