Retour des djihadistes français : Vrai / faux

Retour des djihadistes français : Vrai / faux

 

Est-ce que les djihadistes sont un danger ?

Oui. La guerre en Syrie à partir de mars 2011 a libéré avec ses 400 000 morts et ses 10 millions de réfugiés de nombreux « monstres « et en particulier la proclamation du califat par Daesh le 29 juin 2014.

Au milieu de ce chaos, des Européens se sont « retrouvés » dans le combat de Daesh et sont partis faire le djihad contre les Occidentaux, les « mécréants « alaouites, yezidis, chiites et chrétiens… Oui, les djihadistes sont dangereux et l’exemple du djihad précédent en Afghanistan en est la preuve.

 

Combien de Français sont partis faire le djihad ?

Le chiffre donné est de 1500. Sur ces 1500, un tiers sont revenus et ont pratiquement tous été « judiciarisés » , c’est-à-dire en détention provisoire ou condamnés. Probablement, plus d’un tiers sont décédés dans les affrontements et bombardements divers et récemment encore dans le dernier réduit de l’EI à Baghouz, les autres sont prisonniers.  Angélisme de notre pays? Nous avons des forces spéciales sur place, nous encadrons les combattants Kurdes. Croyez-vous au hasard si les frères Clain ont été tués par une frappe de drone fin février ? Au hasard si toute la filière dite Toulousaine ou d’Artigat a été mise hors d’état de nuire ?

 

Que vont devenir les djihadistes prisonniers ?

Nous aurons deux situations différentes suivant que ces Français sont prisonniers dans la zone kurde en Syrie ou en Irak.
La plupart seraient prisonniers en Irak. L’EI a été vaincu militairement et l’Irak est un pays souverain, reconnu par la communauté internationale. La France n’ira pas à l’encontre des décisions de justice prises en Irak à l’égard des djihadistes français. Ils resteront en Irak. Notre pays fait en sorte que le maximum de djihadistes français soient jugés à Bagdad plutôt que de rester en Syrie.

C’est le sens de la remise récente d’une vingtaine de combattants étrangers, dont semble-t-il 13 français, par les forces démocratiques Syriennes ( les Kurdes) aux autorités Irakiennes.

Pourquoi notre pays a un problème avec les djihadistes français qui se trouvent en Syrie ?

Ils sont détenus par les forces Kurdes qui ont combattu Daesh, elles- même sont sous la protection des troupes américaines (2000 hommes) et des forces spéciales anglaises et françaises (200 militaires Français?). Les États-Unis ont décidé de partir et nous ne pourrons pas garder de troupes françaises au sol au milieu du territoire syrien, sans protection aérienne. Personne en France n’a envie de lancer un corps expéditionnaire et nous devrons ramener nos soldats. La Turquie a le projet d’éliminer les Kurdes du sol syrien, tout en se heurtant peut être au régime au pouvoir en Syrie et à la Russie. Et les Kurdes comprennent bien que s’ils transfèrent tous les prisonniers en Irak, les Occidentaux seront moins enthousiastes à les défendre en Syrie!
Tant qu’il y aura des troupes américaines et françaises mais c’est pour peu de temps encore, les Kurdes seront protégés et pourront garder prisonniers les djihadistes européens impliqués sur le terrain syrien.

 

Ces djihadistes Français seront-ils alors rapatriés ?

Le but est clair : ne pas les rapatrier. Le dilemme sera si nous devons partir et si les Kurdes ne peuvent plus assurer leur garde.

Le choix serait soit de laisser les djihadistes partir dans la nature, soit de les récupérer et de les incarcérer en France. Nul n’a envie de cette dernière hypothèse, et le Gouvernement Français encore moins. A ceux qui inondent les boîtes aux lettres de tracts sur fond avec en titre « Retour des djihadistes, jamais! », je réponds : êtes-vous prêts à faire la politique du pire et à lâcher dans la nature les djihadistes ? Pensez-vous pertinent de les envoyer en Afghanistan pour qu’ils reviennent après demain?

Les différents pays européens essaient d’harmoniser leurs positions. Je ne vous cacherai pas que le Parlement est extrêmement attentif à tout ceci.

Quelle solution pour les djihadistes prisonniers en Syrie ?

La meilleure solution serait 1) de garder le plus longtemps possible sur le terrain, au moins en qualité d’observateurs des forces américaines et françaises, afin de protéger les Kurdes et les protégeant de leur permettre de continuer à garder leurs prisonniers et 2) qu’un jour la Syrie puisse les juger ( ou une cour de Justice internationale ).

Pour qu’elle puisse les juger, la Syrie doit retrouver un minimum d’organisation, d’ordre , une Justice et un État souverain reconnu par la communauté internationale. Le travail de stabilisation et de reconstruction de la Syrie sera le meilleur service à rendre à notre pays. La défense de notre pays commence au large.
Qu’il me soit permis de redire à nos concitoyens combien il est important pour cela d’avoir une armée efficace et déterminée et des régiments de la qualité du 8ème RPIMA. Tout est lié.

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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