Conclusions de la commission dite Benalla: et après ?
Le sujet n’est pas « la vie et les œuvres de Monsieur Benalla mais d’analyser les dysfonctionnements ayant conduit à ce qu’un jeune homme astucieux se livre à des actes de violence sur fond de manquements évidents.
Qu’il ait su se rendre utile pendant une campagne électorale qui avait soudé une équipe est une chose. Qu’une fois l’élection intervenue, les règles de recrutement, la définition peu claire des missions, l’oubli des règles déontologiques aient conduit à laisser à Monsieur Benalla une latitude qu’il n’aurait pas dû avoir, est une autre chose!
Notre commission d’enquête n’a pas pointé une affaire d’État mais a démontré qu’une dérive personnelle a été tardivement maîtrisée.
Notre Constitution donne au Président de la République la prééminence mais c’est au Premier Ministre qu’est confié le Gouvernement sous le contrôle du Parlement avec la direction de l’administration. Il est anormal qu’un fonctionnaire de l’Élysée soit en situation de donner, au motif d’une prétendue influence, des ordres à des fonctionnaires d’État. Chacun doit rester dans son rôle et il n’y aurait jamais eu l’affaire de la « Contrescarpe ».
Nous sommes aussi convaincus que la sécurité du Président appartient à la Nation et doit être confiée à des fonctionnaires et militaires spécialement formés du Ministère de l’intérieur. Monsieur Benalla n’y avait pas sa place ( si ce n’est éventuellement pour observer et apprendre sous leur autorité ).
Avec la commission d’enquête, le Sénat était dans son rôle de contre-pouvoir
Tout pouvoir doit avoir un contre-pouvoir, c’est l’essence même de notre démocratie.
Or le Sénat par son mode électoral ne dépend pas de l’élection présidentielle. Les sénateurs, indépendants du Président de la République et ce quelles que soient les majorités, doivent contrôler l’exécutif en toute liberté.
J’ai participé activement à cette commission d’enquête et en ai approuvé les conclusions.
Si l’on veut bien lire les 13 recommandations que nous avons présentées, elles sont plutôt de bon sens, pertinentes pour l’exécutif et utiles à la bonne marche future des choses.
Une démocratie a tout à gagner à la transparence et au contrôle de l’exécutif.
Revêtir un gilet jaune ne correspond pas à la vocation d’équilibre et de sagesse du Sénat
La décision de transmission ne fait pas débat pour Messieurs Benalla et Crase.
Je n’approuve pas la décision de mes collègues membres du bureau du Sénat de vouloir des poursuites vis-à-vis des collaborateurs du Président de la République. Je la regrette pour plusieurs raisons , la première étant que je ne crois pas que ces poursuites soient fondées .
Ensuite , par sa décision de jeudi, le bureau du Sénat vise en réalité le Président de la République.
Revêtir un gilet jaune ne correspond pas à la vocation d’équilibre et de sagesse du Sénat. Autant je suis farouchement favorable à la logique de contre- pouvoir et d’indépendance du Sénat, autant cette saisine de la justice est « un coup trop loin ». Le Sénat n’est plus garant des libertés mais devient juge . Ce n’était pas le moment alors que notre pays cherche sa sortie de crise.
Notre pays a besoin de se fédérer face à des violences sérieuses et à un combat long pour rétablir notre compétitivité. Nous devrons mener à bien une procédure soit référendaire, soit parlementaire de révision de la Constitution et adopter probablement un programme plus global économique et social. Nous serons attendus sur tout cela par nos concitoyens.
Soyons responsables et gardons au Sénat sa sagesse et son efficacité .