Les élections parlementaires italiennes du 4 mars 2018 ont débouché, au terme d’une longue crise institutionnelle, sur la formation, en juin dernier, d’un gouvernement majoritairement composé de représentants de deux formations populistes : le Mouvement 5 étoiles et la Lega, héritière de l’ancienne Ligue du Nord.
C’est dans ce contexte qu’une délégation de notre commission des affaires européennes s’est rendue à Rome courant novembre, pour y rencontrer nos homologues de la commission des politiques de l’Union européenne du Sénat de la République italienne.
Vous trouverez en cliquant ici le rapport « les défis européens du nouveau gouvernement italien ».
Dialoguer avec le Parlement italien était intéressant pour déterminer les lignes de convergence et permettre à nos deux pays de mieux peser dans les débats en cours sur la refondation de l’Union européenne.
Il s’agit notamment de dégager des lignes directrices dans le cadre du futur cadre financier pluriannuel sur des sujets comme les fonds structurels ou la politique agricole commune.
Sur l’avenir de la construction européenne, nous partageons en effet le même constat de la nécessité d’une Union européenne à plusieurs vitesses, permettant aux États membres qui veulent une intégration plus rapide de progresser vers celle-ci sans impliquer les pays plus rétifs ou ne bénéficiant pas encore de tous les atouts pour y parvenir.
Nous partageons avec nos collègues italiens la crainte d’une éviction progressive des États membres de l’Union européenne de la compétition mondiale dans les domaines de la recherche, de la numérisation de l’économie et de l’intelligence artificielle.
Nous avons beaucoup évoqué la gestion des flux migratoires et au-delà des réflexions à mener à court terme sur l’avenir de Frontex, la question des centres contrôlés et des plateformes de débarquement.
Ce déplacement était aussi intéressant en ce que paradoxalement, il éclaire ce qui se passe en France. Le parallèle est assez net entre le système politique italien actuel le système politique français à venir, le M5S s’apparentant clairement au mouvement des « gilets jaunes » en France par sa culture à la fois « dégagiste », anti-système et participative jusqu’à l’outrance, et par l’omniprésence du rôle des réseaux sociaux dans sa stratégie.
En outre, les difficultés actuelles de Forza Italia et du Parti démocrate italien ressemblent beaucoup aux difficultés que connaissent certaines formations françaises. Toute la question posée aujourd’hui est de savoir si notre pays va évoluer vers un modèle donnant une prépondérance au Rassemblement National et à ses alliés éventuels sur le modèle de la Lega italienne ou si le mouvement central arrive à s’élargir suffisamment pour continuer à donner une stabilité politique à la France.