Quel avenir pour La Poste ?

Jeudi 8 décembre 2016, le Sénat a débattu sur la situation et l’avenir de La Poste.

La Poste, société anonyme depuis 2010, est toujours exclusivement détenue par des actionnaires publics (73,68% par l’État et 26,32% par la Caisse des Dépôts). En quelques chiffres qu’il est toujours utile de citer, cette entreprise publique emblématique compte quelques 250.000 collaborateurs, a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de plus de 23 milliards d’euros et dessert chaque jour près de 26 millions de foyers.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis la fin des « PTT ». Aujourd’hui, La Poste doit s’adapter aux changements profonds des modes de vie, aux nouvelles habitudes des usagers et aux conséquences de l’ouverture à la concurrence, tout en continuant à assurer un service public de qualité au plus près des besoins des habitants, en particulier en milieu rural, avec des offres de services de plus en plus diversifiés.

C’est sur cette difficile, pour ne pas dire impossible, équation que les différents groupes politiques du Sénat ont pu s’exprimer et faire part de leurs vues au Gouvernement.

La nécessité du maintien d’un réseau postal de proximité 

La Poste reste l’un des derniers services publics, avec les mairies, à être présent sur tout le territoire français par sa présence physique à travers un minimum de 17 000 « points de contact », en particulier grâce à l’investissement des élus locaux dans le cadre des maisons de services au public, qui permettent d’assurer un ancrage de proximité du réseau postal sur l’ensemble du territoire.

En effet, 8.000 bureaux de poste sur 17.000 ont été transformés en agences postales communales (pour les deux tiers) ou en relais tenus par des commerçants (pour un tiers).

Tout l’enjeu est pour moi de basculer ce modèle exceptionnel de maillage en opportunité et pas simplement une charge fixe.

Pour autant, la présence physique de « points de contact » ne saurait se suffire à elle-même. La Poste doit à son tour s’investir pour maintenir des services de qualité et qui correspondent aux besoins des usagers, en particulier concernant les horaires et jours d’ouverture des points de contact.

Quelles nouvelles missions de proximité ?

Pour faire face à la concurrence et s’adapter aux évolutions de la société, La Poste doit assurer de nouvelles missions, en s’appuyant sur la relation de confiance historique nouée entre les habitants et les facteurs dans nos territoires pour contribuer à lutter contre l’isolement et la solitude de nombreux habitants, en particulier les plus fragiles : personnes âgées, personnes en situation de précarité, personnes malades, handicapées, etc. 

En effet, au-delà de la nécessaire adaptation aux nouveaux usages numériques, plusieurs pistes sont évoquées pour maintenir et valoriser l’activité postale de proximité si importante pour nos communes, à l’image : 

  • du portage de proximité, par exemple au portage de livres pour les personnes qui ne peuvent se rendre à la bibliothèque ou à la médiathèque ;
  • de la vigie des personnes et des biens, les facteurs assurant ainsi une mission de surveillance ;
  • de la livraison à domicile de médicaments, qui serait une réponse utile à la désertification médicale et à la diminution du nombre de pharmacies ;
  • de la collecte et du recyclage d’objets, par exemple des piles, ainsi qu’à la collecte d’informations.

Plus globalement, je crois que cet examen des nouvelles missions des postiers doit aussi s’accompagner d’une réflexion sur l’évolution des services de l’Administration. Je suis assez convaincu par une polyvalence à organiser autour de la Poste pour garder une possibilité de contact un peu   » tous services administratifs «  .

L’enjeu du contrat de présence territoriale postale 2017-2010

Maintenir le tissu local du réseau postal et l’adapter aux besoins des populations : c’est là tout l’enjeu du quatrième contrat de présence territoriale postale pour la période 2017–2020 qui doit être signé en début d’année 2017 entre La Poste, l’État et les collectivités.

L’AMF a donné son accord à la signature de ce contrat triannuel après avoir obtenu satisfaction sur 2 points essentiels :

  • une hausse de 4 millions par an du fonds postal de péréquation territoriale (l’enveloppe passant ainsi de 510 à 522 millions d’euros sur trois ans) ;
  • une modification de la présence postale soumise à l’accord préalable du maire pour tous les bureaux de poste éligibles au fonds de péréquation : les bureaux dont l’activité est inférieure à 18 heures par semaine, les bureaux implantés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, dans les communes nouvelles et dans les communes ne comptant plus qu’un seul bureau de poste. 

Une autre avancée sur un sujet que nous connaissons tous devrait également être entérinée : les fermetures estivales devront être notifiées en amont au mois de février aux communes et seront limitées à 3 semaines maximum.

Si vous le souhaitez, vous pouvez retrouver ici la vidéo du débat du 8 décembre consacré à la situation et à l’avenir de La Poste. 

 

En savoir plus sur Philippe Bonnecarrère, Député du Tarn

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