Le 2 juin dernier, nous avons tous pris connaissance avec attention des mesures annoncées par le Président de la République devant le Congrès des Maires. Parmi celles-ci :
– la diminution de moitié de l’effort initialement demandé au bloc communal au titre de l’année 2017 (environ 1 milliard contre 2,1 milliards prévus initialement) dans le cadre de la participation à la réduction du déficit public ;
– la reconduction et l’augmentation du Fonds d’investissement local, qui passerait de 1 à 1,2 milliard d’euros, dont 600 millions seraient consacrés aux petites villes et à la ruralité (DETR abondée de 800 millions à 1 milliard d’euros et financement des nouveaux « contrats de ruralité ») ;
– la prorogation, pour 6 mois supplémentaires, de la bonification financière pour la constitution d’une commune nouvelle, qui devait initialement prendre un terme ce mois-ci.
Nous connaissons également les revendications de l’AMF, relais incontournable de l’ensemble de nos collègues et en partie satisfaite des annonces présidentielles.
Il est parfaitement exact que les équipes municipales ont du faire face à un contexte budgétaire fortement dégradé. Il est vrai que les annonces du Président de la République ont offert une bouffée d’oxygène autant attendue qu’indispensable.
Néanmoins je crois dangereux le discours laissant entendre que les efforts sont derrière nous, que nous n’aurions plus à en affronter de nouveaux. Une nouvelle fois, nos gouvernants ne nous disent pas la vérité. Le « syndrome 2012 » revient au grand galop à l’approche de 2017.
Si l’on pense que François Hollande est le plus qualifié pour diriger notre pays à partir de 2017, il convient de bien avoir en tête les engagements pris par notre pays dans le cadre du programme dit de stabilité. Je vous avais proposé le mois dernier, par un lien, la possibilité de consulter ce document.
Comme tous les programmes, ce document est long et complexe.
Je vous l’ai résumé par un tableau ci-dessous, qui représente la trajectoire prévue pour les finances publiques par notre gouvernement d’ici à 2019.
La conclusion est limpide : les économies sont reportées après 2017 et seront beaucoup plus fortes sur 2018 et 2019.
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Si vous pensez qu’une alternance est nécessaire pour l’après-2017, il est intéressant de prendre connaissance des intentions des candidats favoris à la primaire de la droite pour la présidentielle 2017.
Dans un article paru le 10 mai dans Les Échos, Alain Juppé présentait son programme économique et social. En déclarant « Je prévois 85 milliards d’euros d’économies » pour le quinquennat, dont « 20 milliards d’euros d’économies » via le relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite, et une répartition des économies restantes c’est-à-dire les 65 milliards « … entre l’État, la sécurité sociale et les collectivités locales au prorata de leurs poids dans les dépenses », cela signifie pour les collectivités un effort financier proche de 13 milliards d’euros sur 5 ans.
L’ancien Président Nicolas Sarkozy vise une réduction de 100 milliards d’euros de la dépense publique sur le quinquennat. Je n’ai pas lu d’indications sur la répartition entre l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales et il me semble prudent de raisonner sur les 20% que représentent les collectivités locales, soit 20 milliards d’euros sur 5 ans.
Je ne porte aucune appréciation pour on contre tel ou tel candidat. J’invite simplement mes collègues à ne pas penser que la réduction des dotations de l’État, quel que soit le Président élu, est derrière nous. La réduction cessera quand la machine économique repartira fortement…