EDF : quel avenir ?

                             
                                    Audition de Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF par publicsenat

EDF fait communément partie des fleurons français. Comment en est-on arrivé à une situation où EDF doit envisager une augmentation de capital pour renflouer ses fonds propres et où l’État promet de souscrire pour 3 milliards d’euros en 2017 ?

Les sénateurs avaient beaucoup de questions à poser à M. Jean-Bernard Levy, PDG d’EDF depuis fin 2014, lors de son audition du 27 avril.

M. Levy a expliqué que les prix dits de gros (aux industriels et sur le marché international) étaient déprimés : les prix ont été divisés par 2 en deux ans en raison de la baisse du pétrole et de surcapacités. Il a également précisé que la France avait connu une forte désindustrialisation, la croissance démographique ne compensant pas ce phénomène. La consommation d’électricité n’est plus à la hausse.

Il a rappelé qu’EDF, créée il y a 70 ans, est à un tournant de son existence qui l’amène à passer d’une production centralisée à une production décentralisée en poursuivant sa mission tout en prenant en compte les enjeux climatiques. Sous ce dernier angle EDF est le premier opérateur en Europe en matière d’énergies renouvelables.

EDF gagne encore un peu d’argent, mais beaucoup moins, à savoir 1.2 milliard d’euros en 2015 ; ce montant est très insuffisant pour  » franchir le mur  » d’investissements et d’endettement qui se profile…

La dette du groupe est de 37 milliards d’euros.

Le groupe a provisionné des montants pour rénover ses centrales nucléaires mais ces montants sont inférieurs à l’évaluation réelle du coût du « grand carénage », c’est-à-dire de l’ensemble des opérations à mettre en œuvre pour poursuivre dans des conditions de sécurité l’exploitation des centrales nucléaires.

De même le groupe a fait des provisions probablement insuffisantes pour couvrir le coût ultérieur de démantèlement des centrales lorsque celui-ci devra intervenir.

L’entreprise a envisagé une réduction de 3 350 postes d’ici 2018, de ses dépenses générales d’un milliard d’euros d’ici 2019 ainsi qu’une réduction des investissements de 2 milliards d’euros sur 2 ans.

Mais à l’évidence ces évolutions à la marge sont inférieures aux besoins financiers à dégager pour le groupe.

Si l’on rajoute que l’État souhaite faire racheter par EDF une partie d’AREVA, que l’EPR de Flamanville a subi des décalages importants de délais outre des surcoûts considérables et l’interrogation sur les investissements prévus par EDF en Grande-Bretagne à hauteur de 15 milliards d’euros sur le site dit de Hinckley Point, l’attente est forte vis à vis des dirigeants, d’où les nombreuses questions posées.

EDF doit négocier un tournant stratégique et améliorer ses résultats opérationnels.


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